Les bocaux

Des mois que je n’écris plus sur mon bébé blog food; faut dire que la blogo cuisine, elle s’est transformée en instafood, et que moi au milieu de tout ça, j’ai toujours envie sans prétention de cuisiner et d’écrire, mais plus forcément dans l’ordre établi.

En revanche, tout autant de mois à retrouver le plaisir de cuisiner. Bon point au confinement qui m’avait aidée à renouer avec la bouffe (le temps, toussa^^) et que j’ai récemment récupéré une cuisine, une vraie, dans laquelle je peux déployer mon attirail de vendeuse d’électroménager de chez Darty.

Et puis l’été … ma deuxième saison favorite ♥ Et en attendant de me trouver un jardin partagé en plein cœur de Toulouse ou de récupérer un petit bout de parcelle de terrain dans ma prochaine vie rêvée, je profite des potagers de papa et des copains. Des cagettes blindées de tomates, de courgettes et de concombres. De mirabelles, de fraises et d’oignons nouveaux.

Quand tu sais l’attente entre semer une graine et l’émerveillement d’en récolter le fruit, la forme informe d’une carotte et le goût plein et sucré d’une tomate, tu peux pas acheter tes fruits et légumes chez Lidl.

Et aussi pour moi toujours et encore, ces souvenirs d’enfance, fugaces et ancrés.

Le jardin de papy à la Manotte, le verger du Marais de Mamie et ses arbres fruitiers. Manger les graines de tournesols à même la fleur dans les champs jaunes soleil. Ramasser les noix et les pommes véreuses. Le baracou, les outils alignés et figés dans le temps.

L’odeur du sous sol et les pots de boudin en grès. Le gros stérilisateur gris, fumant, auprès duquel il ne fallait pas trop s’approcher sous peine de se faire sévèrement grondé. Les torchons vichy et les rondelles de caoutchoucs trempés dans l’eau bouillante. Equeuter les haricots et les petits pois sur la table de la cuisine avec en fond les émissions de RTL. Les petits carnets de cuissons à spirale tâchés par le temps.

Alors inlassablement, dans ma cuisine, faire des bocaux et des étiquettes à la dymo. Des confitures d’abricots et des chutneys de green zebra pour les plateaux vins fromage avec les copains. Du ketchup de fraises et des sauces tomate pour les chilis et les lasagnes. Du rhum arrangé aux mirabelles pour les digeos post raclette. Des cornichons et des pickles de concombres comme ceux dans les cheese de chez Mc Do.

Capturer l’été en attendant de faire les bocaux d’hiver, les pâtés, les canards et les potées. Se constituer une petite conserverie en ville, multicolore, dans laquelle on descend les soirs tout gris pour apporter un peu de soleil à l’assiette ou pour encore dégoter un petit présent last minute à une invitation.

Et écrire la bouffe, telle une poésie ménagère.

Floriane