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Les haricots

Il y a cette entre-saison, qui sent les cartables  neufs et les résolutions. Où l’on a laissé derrière soi le temps qui s’écoule comme il l’entend. Le sel et le sable incrusté sur la peau, l’air de la rivière au pied de la montagne. Les tomates-burrata et les grillades au feu de bois au pied du bungalow ou de la maison familiale.

Game over. 

Place au réveil, au minutage, à la vie qui défile. Aux contraintes, aux inscriptions, à la hausse du chauffage, aux bouchons, au qu’est-ce qu’on mange ce soir?

Stop. 

Ralentir. 30 minutes. Allumer la radio ou écouter un podcast. Laisser s’écouler de nouveau le rire des enfants

Ecosser des haricots.

Avec mon père. Dans le silence génétique. Dans l’air lourd et orageux.  Dans ce qu’il y a de rassurant d’être ici quand ça déraille une fois encore.

Contempler.

De la graine à la gousse. Fripée, cabossée, humide. Cachant dans sa longueur la rondeur de 4 à 6 grains immaculés, blancs, brillants, fermes. Perpétuer des gestes inlassablement répétés depuis 5000 ans. Des terres Aztèques à Mazamet. Dans toutes les cuisines. Sur les toiles cirées ou le papier journal. Du repas du pauvre aux AOP. Tant de moments partagés autour d’une cosse de coco. Les coudes sur la tables. Crac, fil, chute.

5kg. 

Pour les cassoulets, les garbures et les soupes au Pistou. Le gigot de Pâques et les chilis. Pour nourrir les grandes tablées et le compost

Et avoir envie de planter des Azukis. Pour faire des Dorayakis à la pâte de haricots rouges 🫘

Comme Sentaro, dans Les délices de Tokyo

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