Loulou
J’ai toujours aimé ma grand-mère, me lover dans ses bras pour qu’elle me conte son enfance, l’adolescence de ma mère, les petits secrets de famille, faire sauter mes premières crêpes dans la cuisine ou la voir brasser la semoule du couscous sur la table en formica. Je n’ai jamais autant joué que chez ma mamie; au rami, aux dames chinoises, à me déguiser. J’ai chanté avec elle à la chorale, caché mes papiers de régala dans les toilettes , dormi sur ses genoux à la messe. J’ai même vécu chez elleS quelques mois.
Et puis le temps a passé, défilé…elles à Bourges, moi à Toulouse. Appeler pour la cuisson du rosbif, de temps en temps le dimanche et pour Noël. Appeler parce qu’il le faut, aussi, mais certainement pas assez. Et puis l’envie d’aller la voir, de retourner en terre natale. Se concocter un programme Berrichon aux petits oignons avec le brother : profiter de mamie et de Loulou, ressortir les vieilles photos, aller à la maison de George Sand, se boire un canon de Sancerre avec du chèvre, revoir la maison d’enfance et la rue Moyenne. Bref j’avais hâte.
Bien nous a pris le dimanche de se faire une belle virée car, comme à l’accoutumée, la vie s’en ai mêlé. Lundi, se réveiller à 5 heures du mat’ pour appeler les urgences : mamie est malade, il faut qu’elle soit hospitalisée. Se retrouver tous les 3, Eric, Louisa et moi. Louisa, Tatie Lou, ma Loulou, c’est ma tante autiste. Mais ça on le dit jamais, pas parce que c’est tabou mais parce qu’avant toute chose, tout handicap, Louisa c’est notre tante, une sœur, une fille, la famille.
Et dès lors amortir la location de la twiwi! les courses, la pharmacie, le médecin, la visite de l’hébergement provisoire, l’hôpital. Essuyer quelques crises, ne pas déplacer le déodorant d’un yota sur la tablette de la salle de bain, mettre la table à 12h12, répéter inlassablement encore et encore; sainte mamie… Faire la valise de Loulou, ne pas oublier les CD et les coloriages, reculer l’annonce de son départ. Paniquer face aux hurlements, aux « JE VEUX PAS Y ALLER« , à la violence des mots et des gestes. Décaler mon retour.
Mais aussi… qu’est-ce qu’on a ri et aimer, ri des petites piques bafouillées dans sa barbe, de ses histoires inventées, de ses petites manies, de son petit grain de folie. Pendant 4 jours, Loulou ne nous a pas lâché, s’est installée avec moi dans la cuisine quand j’écoutais deezer en cuisinant, est restée plus tard le soir qu’à l’accoutumée, simplement pour être avec nous. Je l’ai vu se sentir bien – à tel point qu’à un moment me suis dit que j’allais rester^^ Sa pudeur, sa douceur, son innocence m’ont émues. Sa tendresse m’a emplie d’amour.
Bro’ et moi nous sommes laissés à la gare de Vierzon, rincés. Et rapprochés, par ce moment qui n’appartient qu’à nous ♥
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In fine, mamie est sortie de l’hôpital, Loulou adore l’ehpad, va à la gym tous les jours et s’est fait des copines ^^.
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Aujourd’hui c’est la journée mondiale de l’autisme, et je dédie cet article à Louisa ♥
Belle journée,
Floriane